Frédéric Naud
French Contemporary Sculptor
Human engineering is just a natural organic process.
Le plastique et le vivant
Le pétrole, le plastique et le vivant.
Tout semble les opposer et pourtant, il n’y a pas l’un sans l’autre. Le pétrole, par le biais d’un processus organique humain, devient du plastique. Consommé en masse par l’humanité, il semble sonner le glas du vivant sur terre. Et pourtant…
C’est durant mes études dans le vivant marin et au cœur de la recherche océanique dans l’IFREMER, qu’une idée prend naissance dans ma vision du monde.
Vers la fin des années 90, les chercheurs d’IFREMER connaissaient l’existence de micro-organismes capables de se nourrir du pétrole brut. Difficiles à cultiver, ces organismes avaient besoin de hautes températures et de pressions extrêmes pour se sentir chez elles. Car elles vivaient au cœur des zones d’activités volcaniques, dans les hauts fonds sous-marins.
Mais ces bactéries restent des bactéries, et comme toutes leurs congénères, elles ont des particularités incroyables, dont celles de pouvoir transmettre des chromosomes et donc des mutations favorables à leurs voisines, en plus de leurs descendances. Une force d’évolution puissante et d’une rapidité incomparable dans le vivant.
Une capacité d’adaptation extraordinaire qui annonce la suite. De consommer du pétrole, à consommer du plastique, il n’y a qu’un petit pas de bactérie. Le plastique reste une formidable source de “Carbonne”, brique élémentaire pour construire le vivant.
Il devenait évident pour moi qu’un jour ces bactéries ou d’autres, seront en contact avec du plastique. L’idée folle de la résolution du problème “Plastique” était donc d’en mettre partout, pour faire sortir de sa cachette l’organisme extrêmophile, qui sera le manger et le dégrader.
Ces bactéries finiraient par découvrir des sources de nourriture plastique de plus en plus haut dans la masse d’eau, pour finalement s’adapter et vivre à l’air libre. La boîte de pandore serait alors ouverte, nous ne pourrions plus profiter de nos objets plastiques à l’infini.
Oui, la fin de ce processus d’évolution entraînerait la dégradation programmée des objets plastiques présents autour de nous. Nos voitures, nos bouteilles et nos jouets seraient plus ou moins rapidement recouverts de moisissures, comme un bout de viande oublié dans son frigo.
La question qui peut se poser c’est :
L’humanité sera-t-elle encore en vie quand cela arrivera ?
Va savoir, quand tu sais pas !!!…
On peut alors extrapoler des scénarios d’une humanité qui pourrait bénéficier de ce phénomène. Quand on sait que nous ne pouvons pas digérer seuls les aliments que nous ingérons. Il devient possible d’imaginer une symbiose avec ces bactéries, qui se développeraient au cœur de notre système digestif. Nous pourrions alors profiter des microparticules de plastiques déjà présentes partout dans notre alimentation pour nous construire.