Frédéric Naud
Sculpteur Français Contemporain
L’ingénierie humaine n’est qu’un processus organique naturel.
Intelligence collective -VS- Intelligence individuelle
L’intelligence collective est inversement proportionnelle à l’intelligence individuelle
Le constat est là, quand on regarde comment nous interagissons avec notre environnement. Nous dégradons la seule chose qui peut nous maintenir en vie dans cet espace infini et froid. N’importe quelle chose pensante prendrait soin de ce qui la tient en vie, pourtant l’humanité n’y arrive pas.
Mais en regardant l’histoire du vivant, on découvre que ce phénomène n’est pas nouveau, voire tout à fait normal et Naturel
Prenons l’histoire de l’oxygène dans l’air que nous respirons. À l’origine de la terre, il n’y avait pas d’oxygène dans l’air. Ce sont des organismes primitifs qui avaient pour excréments l’oxygène, qui ont créé l’atmosphère actuelle…
Oui, l’oxygène qui nous tient en vie était à l’origine du vivant, un déchet toxique. Il y a environ 3,5 milliards d’années, des cyanobactéries, organismes constitués d’une seule cellule, vivaient et consommaient des nutriments dans leur environnement, tout en rejetant sans y réfléchir, ce poison mortel pour eux qu’était l’oxygène. Pendant 1 milliard d’années ces organismes ont prospéré, tant et si bien, qu’ils ont fini par modifier l’environnement qui les maintenait en vie.
Cette oxygénation de l’air fut la cause d’une extinction de vie massive. Et en même temps, la source d’une formidable explosion de vie pour les organismes pluricellulaires.
La vie n’a pas eu pour habitude de réfléchir consciemment à sa survie dans un environnement
Dans ces conditions, le choix était restreint. Soit elle parvenait à s’adapter et se multiplier. Soit elle migrait pour trouver un autre lieu où tenter une nouvelle aventure. Soit elle disparaissait. Mais une fois adapté à un milieu, la vie fait ce pourquoi elle est programmée, survivre et perdurer.
Quand un espace de vie devient idéal pour un organisme vivant, alors l’expansion démographique est inévitable. Les freins ou les facteurs de décroissance sont le plus souvent: La maladie, La prédation ou Le milieu lui-même. Par épuisement des ressources ou par sa modification irréversible. Un environnement qui s’éloigne des conditions optimales qui ont entraîné l’expansion démographique d’une espèce, devient alors le facteur limitant de la croissance de cette dernière. Il existe très peu de régulation intrinsèque à la vie, en tout cas pas issu d’une intelligence telle qu’on l’a définie aujourd’hui.
L’humanité reste liée aux lois du vivant. Nous ne sommes pas nouveaux sur cette planète, car nous portons en nous l’histoire du vivant.
Nous sommes vieux de plusieurs milliards d’années
Une définition le l’humanité qui me semble aujourd’hui pertinente est celle-ci :
- Nous sommes des animaux qui arrivons à comprendre, décrire et utiliser consciemment, certaines lois du monde dans lequel nous vivons.
Mais malgré ça, nous sommes aussi “bête” que les cyanobactéries qui ont détruit leur environnement avec leurs déchets. Pourquoi ?
Il semble qu’aujourd’hui notre intelligence individuelle ne s’exprime pas dans notre intelligence collective. Comme si ces deux intelligences, étaient sur deux palliés différents et non connectés. Deux niveaux de fonctionnement complètement hermétiques, de l’un dans l’autre. Comme si l’un avait profité de ces milliards d’années d’évolution, avec l’apparition d’un système nerveux central, donnant naissance à une prodigieuse intelligence individuelle. Et l’autre prisonnier d’un monde vivant avec ses lois propres et supérieures.
Il y a pourtant des intelligences collectives humaines qui fonctionnent, par exemple en équipe
Oui, dans un groupe connu et restreint, où chacun connaît sa place, où l’information circule et la communication se construit entre tous les membres de l’équipe. Dans ce cas, l’intelligence individuelle contamine et booste l’intelligence collective, pour donner naissance à de prodigieuses réalisations communes. Malheureusement pas toujours positives.
Mais quand le groupe est immense, comme la population de la planète. Et que la communication ne circule pas, malgré le développement encore jamais vu des outils de l’information. Alors l’intelligence individuelle ne diffuse pas dans une intelligence collective, qui du fait du nombre, n’existe même pas.
Et oui, à l’échelle de la planète et malgré l’essor des communications, l’intelligence collective de l’humanité n’existe pas. Une loi ancestrale, issue de nos origines les plus lointaines, semble s’opposer à cette émergence.
Jamais autant d’organismes vivants, en nombre, en cultures différentes et intérêts divergents, n’ont dû communiquer et se mettre d’accord ensemble. L’héritage du vivant ne nous à pas donné cet outil.
La communication de masse d’aujourd’hui, n’est qu’une prison que l’on utilise pour nous enfermer sur nos convictions. Nous reconstruisons alors des communautés à une dimension qui nous est familière, comme depuis nos origines. Mais nous restons manipulables, par des phénomènes primitifs de fonctionnement de groupe. Des comportements sociaux natifs, qui restent compliqués individuellement, à ne pas exprimer.
Il existe donc autre chose. Mais quoi ?
Un comportement individuel ou collectif, qui bloque l’apparition d’une intelligence collective de masse.
Vient alors l’idée d’une structure intellectuelle autonome, qui aurait son propre mouvement entre ces deux intelligences. Une structure intellectuelle qui peut pousser ou freiner l’émergence d’une intelligence collective. Une structure intellectuelle qui émerge de l’intelligence individuelle et qui, de par sa nature, reste implicitement liée aux intérêts et aux moteurs personnels de l’individu qui l’exprime.
Ce comportement est en fait une spécificité propre à chaque individu, chez certain extrêmement développée et chez d’autre complètement absente.
Cette spécificité provient de la capacité que va porter un individu à utiliser son intelligence individuelle pour constituer un groupe soudé autour de lui. Ayant pour expression le tissage réfléchi de liens sociaux et d’échanges affectifs forts envers certains membres d’un groupe. Le porteur ainsi entouré, ce positionne dans une situation qui lui donne accès à des fonctions de décision et de gouvernance d’une population plus grande, constituée d’autres intelligences individuelles plus passives ou soumises par son groupe proche.
L’intelligence sociale…
Cette intelligence va donc servir directement les intérêts du porteur de cette spécification. Grâce à cette capacité, le porteur peut donc orienter les décisions d’un groupe dans sa direction ou plus exactement, dans la direction qui lui semble porter un intérêt pour lui ou pour le bien des autres.
Pris entre des intérêts personnels divergents, des groupes d’influences et associés avec l’absence d’affinité entre tous les individus de la planète. Il devient compliqué, voire impossible, de faire émerger une intelligence collective de masse. Ce qui remet ou laisse l’humanité dans le statut d’animal primitif. Notre incapacité primitive à faire émerger une intelligence collective, qui nous permettrait de préserver notre environnement, nous fixe au statut d’organismes “bêtes” collectivement.
L’intelligence individuelle fait apparaître l’intelligence sociale qui peut bloquer l’émergence d’une intelligence collective, ou tout du moins, la possibilité de réaliser des actions collectives organisées.
L’intelligence collective devient donc inversement proportionnelle à l’intelligence individuelle.
En effet, plus un organisme est intelligent individuellement, plus il sera difficile pour le groupe de prendre une décision collective et d’appliquer des actions. Cette situation s’aggrave avec l’accroissement de la population constituant le groupe du même organisme vivant.
C’est ce point qui fait que nous ne sortons pas du règne animal, malgré tous nos dogmes sociaux. Nous sommes irrémédiablement des organismes vivants et nous suivons le même chemin que tous les autres.
Qui y’a t’il de mal ? Nous consommons notre environnement jusqu’à ne plus pouvoir ! Même si cela nous entraîne vers notre extinction ! Quoi de différent avec le fonctionnement d’une bactérie ? Cela reste Naturel…
Les même choix se posent à nous : Évoluer pour s’adapter, migrer ou disparaître
Quoi qu’il arrive, ce que nous laisserons derrière nous deviendra un formidable écosystème pour de nouveaux organismes. Comme toujours et depuis toujours.